
Je me souviens - mais je n’ai pas remis la main dessus - d’un texte de Jean d’Ormesson où il expliquait qu’à plusieurs périodes de sa vie il avait été malheureux. Nous l’avons tous été, et le serons encore, pour tout type de raisons qu’il est inutile de détailler ici, que chacun peut imaginer ou se rappeler. Que faire pour amortir le chagrin quand il vous étreint, pour le distraire ou le semer ? D’Ormesson livrait ses remèdes, le premier était dormir, le second aller au cinéma. Il passait ainsi, tel un voyageur en transit, d’une chambre obscure à une salle obscure, dormant douze heures dans l’une, cloîtré (ravi ? transporté ? emporté ?) le reste du temps dans l’autre.
La lecture exige de vous un effort que le cinéma épargne. Un bon film abat très vite ses cartes : il vous empoigne, ne vous lâche plus, vous terrasse parfois. C’est le cas de Call me by your name qui est actuellement en salles. Il raconte l’histoire d’amour d’un adolescent de 17 ans, Elio et d’Oliver un doctorant américain qui vient étudier un été chez le père d’Elio, un grand professeur de culture gréco-romaine. C’est un film d’une beauté renversante, d’une justesse et d’une poésie absolues - qui a parlé de sensualité ? voilà, le mot est lâché. L’Italie, qui en sert de décor, n’y est pas pour rien : que serait-on sans ses soleils, ses cyprès, sa langue, ses marbres de Dieux alanguis, ses 1.001 églises et piazzettas ? La réponse est : pas grand-chose.
L’eau est présente tout au long du film, les fruits, la nature, les livres, Bach et Lizst ; il y a des vélos dépareillés, de vieilles Fiat ridicules, des petits déjeuners de soleil, des conversations érudites sur l’origine des mots, cet étrange poster de Roland Garros 1981 qui représente Bjorn Borg (on est dans ces années là, la bande son est épatante), des parties de volley et des soirées disco sous les étoiles. Les filles n’ont pas le beau rôle : elles ressemblent à des astres secondaires impuissantes à pénétrer l’orbite qui peu à peu absorbe Oliver et Elio en entier. Le réalisateur Luca Guadagnino décrit merveilleusement le trouble, le désir, la peur : doit-on dire à l’autre qu’on l’aime ? Souffrira-t-on davantage de le lui dire ou de le taire ? Faut-il effacer ou conserver ses souvenirs - vivre avec tout, les joies comme les peines ? Des réponses sont suggérées, par le père d’Elio dans une scène bouleversante, par une amie d’Elio qui l’aime - et qui en pleure et qui en rit. Il y a d’autres moments magiques : Oliver et Elio se révélant, se dérobant et se frôlant autour d’un affreux monument de commémoration à la guerre de 14 et puis le dernier plan du film : Elio (phénoménal Timothée Chalamet) pleure, il pleure longtemps en gros plan sur la musique de Sufjan Stevens - et c’est interminable, c’est sublime et c’est poignant.
Francis Ford Coppola avait dit il y a quelques années qu’il n’y avait plus de cinéma, qu’il n’y avait plus que des films. Call me by your name lui apporte un étincelant démenti. Le cinéma n’est pas mort. Faites passer...
Marc Puyoulet, Directeur Général Hudson France
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